En 1977, à la demande des bretons, le président Valéry Giscard d’Estaing reconnaissait la « personnalité culturelle » de la Bretagne; reconnaissance concrétisée par une charte, la Charte culturelle bretonne, qui avait pour but d’en assurer la pérennité. Dans cette logique, sont créés le Conseil Culturel de Bretagne (CCT), l’Institut Culturel de Bretagne (ICB), l’Agence Technique Régionale (ATR) et l’Institut Régional du Patrimoine (IRPa) avec, pour chaque structure, des missions de formation, de diffusion, de promotion, de représentation…
Depuis cette époque, ces organismes et leurs militants ont rendu de grands services à la transmission et diffusion des patrimoines matériels et immatériels de Bretagne. Ces structures ont évolué indépendamment au fil du temps ; chacune vivant sa propre histoire, parfois mouvementée. Parallèlement, le monde culturel dans son ensemble se professionnalisait, se structurait et les "outils de la charte" ont eu, de fait, moins de rayonnement et de raison d’être.
Trente quatre ans après, combien de bretons connaissent leur histoire ? Qui sait tout ce que reflète la singularité culturelle de la Bretagne en Europe ? L’école malheureusement ne le transmet pas ou peu. Il faut donc donner aux bretons les moyens de cette ré-appropriation. Nous y arriverons par une réforme profonde de nos institutions qui permette de donner aux collectivités bretonnes, l'autonomie d'action nécessaire en matière linguistique et culturelle.
En attendant, nous devons faire avec les moyens dont nous disposons. Dans ce sens, le Conseil régional de Bretagne a en projet de construire une structure innovante. Celle-ci devrait apporter un soutien en ingénierie aux organismes culturels, mettre en place des actions de diffusion et de promotion du patrimoine immatériel dans le cadre d’universités populaires, de colloques internationaux ou par la création d’une bibliothèque numérique... Nous adhérons à cette démarche pourtant difficile du fait qu'elle réduira, le soutien à l'ICB et à l'ATR qui devront réfléchir à un nouvel avenir. Mais l’exécutif régional devra être vigilant dans ses nouvelles perspectives afin de développer ce projet selon le principe de subsidiarité. Auparavant, il devra aussi avoir été co-construit avec le monde culturel breton afin qu’il soit partagé et donc approprié. Si l'objectif est bien de faire rayonner les cultures de Bretagne et en particulier les cultures populaires dans le souci de faire savourer à tous leurs trésors enfouis, alors, c'est un challenge ambitieux. Une gageure qui vaut la peine d'avancer ensemble.