vendredi 24 septembre 2010

Sauvons les abeilles de Bretagne - Doujañs gwenan Breizh

Avec mes collègues d'Europe Ecologie et de l'UDB nous avons rencontré mercredi le syndicat des apiculteurs professionnels de Bretagne (cliquer sur le titre du message pour accéder à leur site). Les signes de santé des abeilles sont des bons indicateurs de l'état écologique de notre pays. Et les indices sont... catastrophiques, au grand désespoir des apiculteurs Bretons ! "La mortalité des abeilles est de 30 à 40 % du cheptel par an, parfois 70 à 90 %  alors qu'il y-a 20 ans elle était de 5  %,  la perte de revenu est nette, le seuil devient dramatique pour pouvoir reconstituer son cheptel" déplore José Nadan, président du syndicat. Les causes de cette catastrophe ? Elles sont connues : les pesticides et herbicides qui polluent en profondeur les végétaux. Dès l'apparition du Gaucho (dont  la molécule insecticide -imidaclopride et néonicotinoïde-est la plus utilisée au monde !) et du Régent  en 1995 l'augmentation de la mortalité des abeilles a été immédiate et, aujourd'hui, même si il n'y-a plus de pulvérisateurs c'est pire car, comme pour le maïs Cruiser -dont cyniquement il est bien indiqué la toxicité pour les abeilles sur l'emballage- le traitement enrobe la graine qui fait exploser un cocktail détonant lors de la floraison. Ce pollen va être consommé sur plusieurs mois et provoque de vrais cancers sur les population d'abeilles (et sur nous ?). Durée de vie d'une reine divisée par 2 en 10 ans, chute de la fertilité importante., désorientation des abeilles... les effets sont tous alarmistes. Conséquence sur la production de miel : elle a été divisé par 2 en 20 ans , la Bretagne qui importait 5 % de son miel il y a 30 ans importe aujourd'hui plus de 50 % !

Les recherches de l'Inra confirment cette hécatombe mais il manque encore des études plus fines pour en connaître exactement les causes.

Nous, élu-e-s régionaux et citoyens écologistes, que pouvons nous faire face à cette catastrophe ?

Pour commencer, nous avons décidé, ensemble,  de porter ce débat essentiel pour en faire un vrai débat public dans la société bretonne. Nous interpellerons à la prochaine plénière, Jean Yves Le Drian sur ce sujet qui touche à la biodiversité, la santé humaine et l'agriculture. L'impact des pesticides systémiques sur les populations d'abeilles doit être mieux mesuré, les jeunes agriculteurs doivent mieux se former dans les écoles pour comprendre le rôle des abeilles dans la pollenisation (pourquoi pas une ruche par école d'agriculture ?), le croisement des recherches entre la mortalité des huîtres et des abeilles doit être faites, car l'origine semble les même. En parallèle, il faut que la région soutienne mieux cette filière qui subit de vrais préjudices économiques.

C'est un dossier extrêmement sensible car il touche au pouvoir de l'agro-business et son influence est considérable. La réalité est là. Nos concitoyens et le parti majoritaire du Conseil Régional entendrons t' ils les cris de douleur des abeilles et les conséquences importantes de la pollution agro-chimique sur notre santé et l'écosystème ?

A suivre...



dimanche 19 septembre 2010

Algues vertes et agriculture en Bretagne - Diwar-benn al labour-douar hag ar bezhin glandour


J'étais Dimanche 19 Septembre sur la plage de Saint Anne la Palud en Plonévez-Porzay pour un drôle de pardon puisque les voeux de cette manifestation étaient de demander une vraie politique de reconquête de l'eau et d'accentuer les politiques publiques sur le préventif (et non pas uniquement le curatif : a quoi cela sert de ramasser ces algues qui sont la conséquence direct des rejets des élevages industriels de porcs, si on ne résout pas le problème à la source ? !).

L'incontournable clown Jean Kergrist a réussi à transmettre l' inquiétude des Bretons après que le scientifique de l'Ifremer Jean Yves Piriou ait fait un point sur les recherches.
Jean Hascoët, la personne  a l'origine de la manifestation avec son association, avait des paroles sages et raisonnées pour trouver des solutions et permettre une évolution de l'agriculture. Car chacun sait en effet que l'agriculture productiviste intensive est à bout de souffle en Bretagne. Qu'elle ne créer pas d'emplois et pollue sols et sous-sols de Bretagne. Soutenu par un lobby porté par  l'agro-business, ce modèle fait souffrir les paysans, les rend dépendant. Et ce lobby est puissant. Il était visible, bien présent cet après midi sur la colline surplombant la grève. Derrière des messages mêlant Bretagne, solidarité, unité... se cache du corporatisme, des intérêts privés et beaucoup de violence parfois.

Quand au parti socialiste et Jean Yves Le Drian, il vient d'accorder une subvention de 650 000 €  à la Cooperl (sous les applaudissement de l'UMP et en particulier du député "porçin" Marc Le Fur) alors que cette grosse coopérative -qui a perdu depuis longtemps ses valeurs d'origine- fait des excédents de plusieurs millions.
(photo : Françis Talec)

Pour se faire entendre et faire avançer le droit, Europe écologie Bretagne va déposer un recours auprès de l'Union Européenne contre l' Etat français pour ses "manquements" dans la gestion des algues vertes, notamment l'absence de mesures préventives. Dans le plan lancé cette année par le gouvernement français pour lutter contre les algues vertes, "il y a des aspects curatifs de ramassage et de traitement des algues mais sur le plan préventif, on continue à différer" et "les 70.000 tonnes annuelles de nitrates continuent à aller à la mer"  estime ma collègue à la région Janick Moriceau lors de la conférence de presse.  En attendant qu'Europe écologie ait une structure juridique pour déposer ce recours, ce seront les Verts et l'Union démocratique bretonne (UDB), ainsi que l'association environnementale Sauvegarde du Trégor, qui vont s'en occuper.

Nous réclamons le respect des traités européens et le principe de bonne administration des moyens publics. Certaines aides,  notamment certaines aides de la Politique agricole commune (PAC), sont mal orientées. "Les nitrates représentent trois quarts de la pollution des eaux, et des fonds européens servent à créer ces pollutions" estime Mona Bras, porte-parole de l'UDB et conseillère régionale EEB. Et on autorise encore des extensions d'élevages, la réalité de terrain c'est que les concentrations porcines continuent.

Dès lors que le recours est introduit tout citoyen ou personne morale peut se joindre au recours ! Pour ser faire, voir dans les liens à droite, le blog des élu-e-s Europe Ecologie Bretagne/Breizh

lundi 13 septembre 2010

A Domicile à Guissény - D'ar Gêr e Gwiseni


J'ai inauguré Samedi dernier le festival A Domicile à Guissény. Ce festival consacré à la danse contemporaine -mais pas seulement- héberge des artistes chez l'habitant en création-résidence. 
In situ ceux ci  s'imprègnent des lieux, de la culture locale, de l'environnement et créer des oeuvres qui peuvent mélanger chorégraphie, musique, art plastique.... généralement avec les habitants de Guissény et des alentours. Ce qui donne des choses assez surprenantes comme vous pouvez l'imaginer !

J'avais ainsi assisté, il y-a 4 ans, lors de la première édition à un spectacle qui décomposait la danse round pagan (notre patrimoine à nous passé à la moulinette !) par la chorégraphe Cécile Borne . C'était vraiment original et décapant (voir photo ci dessus).
Cette démarche artistique permet un effet miroir  sur sa propre culture, sa condition, son environnement avec, en plus, la construction de passerelles vers des formes artistiques qui restent très rares en milieu rural.

Michael Phelippeau en est le directeur artistique cette année et l'association arrive à mobiliser des gens de tous âge travaillant sur des performances inattendues.

Petit bémol : dommage que lors de la présentation, samedi matin, les organisateurs et élus locaux qui sont tous d'excellents bretonnants n'arrivent pas à sortir un traître de mot de notre langue dans leur discours. Sur la communication non plus d'ailleurs, hep brezhoneg eo !...  On ne parle que français à Guissény ? !
J'ai pour ma part prouvé le contraire dans mes quelques mots.
Peogwir, amañ, e Leon (doun !) ar brezhoneg chom beo hag.... ivez e-barzh dañs a-vremañ.

vendredi 3 septembre 2010

Gavrinis et les Aborigènes



Je suis passé sur l'île de Gavrinis dans le golfe du Morbihan cet été et, comme pour la première fois, je suis encore sorti très ému de ce cairn construit sans doute il y-a près de 6000 ans !

Cette véritable "galerie d'art" néolithique où il faut baisser la tête pour  rentrer puis, découvrir ce gouffre pour admirer ces oeuvres de  lointains ancêtres me touche énormément.
Dans la pénombre, avec le reflet de la mer comme unique entrée lumineuse, ces courbes sans cesse répétées provoquent chez moi un sentiment troublé qui mélange la mort à la naissance, la fécondité et la disparition.

Quelle déception par contre de voir de grands panneaux blancs extérieurs qui gâchent le paysage de mer. Il y-a aujourd'hui tellement de possibilité d'intégration au paysage, au sol par exemple. En bateau, entre l'île d'Er Lannig et ses deux cromlec'h et Gravinis, on pourrait être totalement présent dans ce site sacré si il n'y avait ces parasites modernes. Une bien mauvaise idée du conseil général du Morbihan !

Quelque semaines après j'ai été visiter la dernière exposition de l'Abbaye de Daoulas qui met en perspective l'art des pôles, entre peuples Inuit et Aborigène d'Australie. Et là, au détour d'un mur, j'ai retrouvé les formes de Gavrinis avec le tableau de Ningura Napurrula (Kintore - Australie) qui s'est inspiré du site de la fertilité nommé Wirrulnga dans le désert de Gibson (voir photos de Gavrinis plus haut et du tableau ci dessous).


Au vu de la similitude frappante, n'y avait t' il pas là un parallèle à faire ?

Le début de l'exposition de Daoulas  fait le lien avec l'identité ouverte de la Bretagne au son des gwerzioù (complaintes) chantées par  Eric Marchand mais, après... plus rien sur le peuple breton dans cette exposition bilingue français/anglais. Pas de breton dans les documents ni dans l'exposition ; comme si on prenait en considération les revendications des peuples minoritaires d'ailleurs et que notre propre culture était effacée ou évoquée de manière anecdotique.

L'expo de Daoulas visible jusqu'à fin Novembre reste  remarquable par la qualité des oeuvres présentées et les textes pédagogiques qui permettent de mettre en  perspective la création culturelle ancienne et contemporaine de ces peuples habitants les deux côtés de la planète, et qui, pour elle deux, possèdent une spiritualité et un rapport à l'espace complexe.

En savoir plus :

Expo Daoulas faite avec le musée des Confluences de Lyon :
http://www.museedesconfluences.fr/musee/expositions/hors_les_murs/grand_nord_grand_sud/index.php

Gavrinis
www.gavrinis.info