dimanche 29 mai 2011

L'école Diwan de Lesneven démolie ?...


L'école Diwan de Lesneven est l'une des école les plus dynamique et des plus ancienne du réseau en  Bretagne avec plus de 100 élèves . Elle fête ses 30 ans cette année. La mairie de Lesneven souhaite détruire les locaux que l'école  loue pour  en faire un... parking.  Il leur propose de nouveaux locaux en multipliant le loyer par quatre, ce qui est impossible pour l'école évidemment. On peut mieux comme reconnaissance du travail accompli, vous ne trouvez pas ? J'ai expédié un courrier au maire qui m'a répondu, en substance,  de m'occuper de mes affaires sauf si je pouvais trouver de l'argent, où là bien sur, c'est pas pareil. Intéressant, non ?

Ci-dessous, ou en tapant sur le titre de cet article,  le lien du blog du comité de soutien avec pétition et différents courriers.
http://ecoledemolie.over-blog.com/

Apportez leur votre soutien !

mardi 24 mai 2011

Intervention sur la nouvelle politique culturelle en session plénière le 24 Mai 2011

Chers Collègues,

M Le Vice Président vient de nous présenter avec brio sa proposition pour une nouvelle politique culturelle. Il y-a de la verve, de l'émotion même.
Je vais vous avouer que cela fait du bien d'entendre une approche par la diversité culturelle -que nous défendons à Europe Ecologie Les Verts depuis longtemps- après ce que j'ai pu lire de journalistes parisiens sur notre culture et notre langue suite au succès du disque en langue bretonne de Nolwenn Le Roy et du livre d'Hervé Lossec Les Bretonnismes ou quand un magistrat se permet de traiter notre langue de "baragouin". Ces "observateurs" ne regardent, pour la plupart, pas plus loin que leur nombrils en se complaisant d'un soit disant génie français universaliste et n'ont malheureusement pas la chance de vivre la pluralité des cultures, d'ici et d'ailleurs, et l'ouverture au monde des Bretons. Nous ferons sans eux et leurs regards suffisants. Qu'ils restent en mode mono-culture, jacobin et égo-centrique.

Pour revenir à cette nouvelle politique culturelle je tenais à souligner qu'au delà de votre corpus intellectuel que vous maîtrisez et auquel j'adhère, je me pose tout de même des questions : est ce vraiment de cela que nous avons besoin pour une culture forte facteur de développement en Bretagne ? Que proposez vous aux Bretons de plus de ce qui se faisait avant ?

- Il y-a la promotion du patrimoine immatériel par la création d'un portail ou plutôt d’une Bibliothèque numérique, rassemblant les sites de collectage de mémoire des Bretons comme Dastum, la Cinémathèque de Bretagne, Kendac'h... Pourquoi pas. 
Même chose pour la volonté d'inscrire notre patrimoine immatériel sur les listes de l'Unesco comme peuvent l'être le repas gastronomique des Français ou la si controversée Tauromachie. Je vous l'accorde, c'est intéressant pour montrer au monde la singularité culturelle du peuple Breton et ce que nous pouvons apporter au concert des peuples, mais après . Il me manque des éléments structurels et des préçisions importantes. Par exemple, vous nous dites qu'il y-aura adaptation de l'agence Technique de Bretagne et de l'Institut Culturel de Bretagne vers des missions de cette bibliothèque dont il reste à trouver le nom mais qu'en est t'il de la place de l'Institut Régional du PAtrimoine dans ce projet ? Lui aussi travaille déjà sur le patrimoine immatériel.
Au delà de l'Irpa, quelle coopération il y-aura t'il entre le service patrimoine (matériel et immatériel), tourisme et culture ou celui de la formation professionnelle afin de pouvoir peut être intégrer cette Matière de Bretagne à l'enseignement en Bretagne ? D'ailleurs nous n'avons toujours pas de nouvelle de l'écriture de ce livre sur l'histoire de Bretagne à destination des lycéens dont nous avons voté le principe. Merci de m'en dire plus là dessus, M Vice Président, car en plus des langues, si il y-a bien un élément de la matière de Bretagne à faire partager, c'est son histoire.
Pourquoi ne pas plutôt mettre en place une structure unique comme nous l'a suggéré le Conseil Culturel de Bretagne dans son étude fondant Irpa, Agence Technique et Institut (les outils de la charte de 1977) qui aurait pour vocation de faire rayonner dans le monde le patrimoine immatériel, la Matière de Bretagne en général, avec un centre de formation et les moyens décrits auparavant mais réellement soutenu par un plan d'actions cadré, des objectifs affichés permettant alors d'avoir un projet a la hauteur de la richesse culturelle de notre pays ?

Ret eo din lavaret hag adlavaret emañ ar brezhoneg e-kreiz danvez Breizh, aotrou eil prezidant. N'eus nemet amañ e Breizh ez eus bet dalc'het bev ur yezh keltiek war an Douar Bras. Dleet deomp stourm da gavout ur plas d'hor yezh er bed a-vremañ. Kaozeal brezhoneg, diskouez ar brezhoneg, embann anezhañ a rankomp da virout e ve flastret sevenadurioù ar bed dindan unan, unvanet betek re ha divlaz a-walc'h. Dleet deomp ivez reiñ da gompren Breizh, da dañva danvez Breizh. Hag amañ e Kuzul-Rannvro Breizh, Hôtel de Courcy,... Penaos lakaat an dud da dañva danvez Breizh p'eo gwall... "zizanvezel" just a-walc'h ? Pelec'h emañ ar panelloù divyezhek ? Brav eo lavaret "e brezhoneg !" mes lavar' hag ober zo daou ,aotrou eil prezidant. 
 
Je tiens aussi a souligner, comme je viens de le dire en breton, que notre premier patrimoine immatériel, coeur de la Matière de Bretagne, c'est la langue bretonne, M Le Vice Président. Seule région continentale du monde à posséder la dernière langue celtique vivante, nous avons un devoir de résistance pour trouver une place sociale à cette langue. Parler, montrer a voir, afficher le breton c'est résister au rouleau compresseur de l'uniformité des cultures et permettre de comprendre la Bretagne par sa substancielle moëlle immatérielle. Je remarque aussi que nous ne montrons pas l'exemple ici, au Conseil régional de Bretagne, Hôtel de Courcy, le patrimoine immatériel de Bretagne l'est un peu trop, puisqu'il est invisible avec une signalétique bilingue inexistante, pourtant réclamée depuis des années ! 

Le directeur général de l'Unesco, Koïchiro Matsuura nous le rappelle : "La disparition d'une langue aboutit à la disparition de nombreuses formes de patrimoine culturel immatériel, en particulier de précieux héritage que constituent les traditions et les expressions orales - des poèmes et légendes jusqu'aux proverbes et plaisanteries- de la communauté qui la parlait. La perte des langues se fait aussi au détriment du rapport de l'humanité entretient avec la biodiversité, car elles véhiculent de nombreuses connaissances sur la nature et l'univers".

J'ai donc déposé un amendement en ce sens afin que tout projet culturel qui permet de mettre en valeur d'une manière ou d'une autre langue bretonne ou gallèse, qu'il concerne la danse contemporaine, une exposition d'art moderne ou un fest noz soit particulièrement regardé. Vous m'aviez bien préçisé lors d'une session préçédente que vous y-seriez attentif même si la politique des langues de Bretagne a désormais quitté la politique culturelle.

Car il nous faut du respect par de la reconnaissance -et vous en avez je le sais M Le Vice Président- pour les collecteurs du patrimoine immatériel : des gwerzioù et sonioù happés par Hersart de la Villemarqué au 19ème siècle aux noms des roches, criques et grèves du littoral Léonard recueillis par le regretté Per Pondaven. Locuteurs et développeur des langues de Bretagne et de la Matière de Bretagne en général sont à considérer particulièrement. J'ai d'ailleurs une pensée, en ce moment pour les transmetteurs, les parents d'élèves bilingues, qui croisent le fer au quotidien encore contre préjugés et ignorance : par exemple ceux de l'école Diwan de Lesneven qui fêtent les 30 ans de leur école et qui restent brimés par des élus locaux persistant à leur mettre des bâtons dans les roues de leur développement. Je tiens ici solennellement à rendre hommage à tous ceux qui, depuis des décennies, se battent pour passer le témoin de ce bien commun immatériel, cette manière unique de voir le monde, cette fleur qu'ils entretiennent dans le champ de la biodiversité culturelle. Ils ne recherchent ni le pouvoir ni l'argent mais bien à transmettre ce qui n'existe que parce qu'une bouche le donne à une oreille. Tous, pour ce qui font pour notre culture, pour leur opiniâtré, leur humilité et leur volonté, si caricaturée parfois, mériteraient que l'on mette à leurs boutonnières une rosette.

Ne pas oublier non plus de compter dans notre patrimoine immatériel, et je sais que je peux compter sur vous là dessus, l'apport des populations extérieures qui ont enrichi au fil des siècles et continuent à enrichir l’humus créatif de la Matière de Bretagne par les rencontres, échanges et fécondations interculturelles provoqués par celle ci.

Concernant la recherche de nouveaux modèles de productions, je trouve intéressante cette volonté de soutenir les structures qui s'engageront dans une démarche collective de présence artistique ou de soutien à la production. Là aussi ne pas hésiter à inventer avec les acteurs culturels -souvent dans des situations de précarité extrême il ne faut pas l'oublier- des modèles de coopération culturelles et économiques novateurs. Les formes statutaires de l'économie sociale et solidaire peuvent répondre à un développement adaptés au milieu artistique. Je pense à ce qui se fait en Ile de France par exemple autour d'Act IF mais aussi a tout ce qui se passe avec les Coopératives d'Activités et d'emplois ou les pôles de l'économie sociale et solidaire. L'innovation sociale et entreprenariale culturelle existe, ici et ailleurs. Tout n'est pas à inventer, il y-a des réussites ailleurs que nous pourrions adapter ici.

Pour le soutien au développement des industries culturelles en Bretagne, je tiens à vous remercier d'avoir pris en compte les propositions qui vous ont été faites pour le soutien à la filière du livre en Bretagne avec une aide nouvelle aux librairies indépendantes. En effet le libraire ne doit plus être uniquement un vendeur de livres mais il doit être un éveilleur de conscience ; il doit construire sa librairie comme un lieu culturel ouvert sur le monde qui diffuse du sens, de la réflexion, de la connaissance et participe pleinement à la la vie de la cité. Le soutien aux logiques de collections éditoriales me semble aussi aller dans le bon sens : aider pour tirer vers le haut, vers la qualité. Il faudra veiller ici tout de même a ce que l'aide aille bien à ceux qui en ont besoin. Milieu fortement individualiste, soutenir les acteurs du livre qui s'engagent dans une volonté coopérative permettra j'espère de créer de l'intérêt commun pour le développement de la filière du livre en Bretagne plus que de la recherche d'intérêts particuliers additionnés qui domine fortement.

Sur l'aide aux télévisions locales, une remarque : nous donnons actuellement 1 million d'euros aux télés locales de Bretagne dont 90 000 euros pour des émissions en langue bretonne. Je demande ici qu'il y-ait plus de vigilance pour ces émissions car je constate que les télévisions ne jouent pas le jeu et remplissent leur quota de manière détournée avec des captages de spectacles ou des sous-titrages. Les télés locales doivent doivent renvoyer l'ascenseur et devenir les premiers clients des producteurs créateurs d'émissions en langue bretonne.

Vous nous parlez de "bénévole attitude" en Bretagne permettant de réussir de grandes fêtes. Parfait. Vous savez pertinemment comment fonctionnent ces troupes de théâtre, école de musique associatives, festivals parfois professionnalisés comme les Vieilles Charrues par exemple. Le fait de générer de l'activité économique, d'avoir la double qualité : d'être usager tout en pouvant être dans la gouvernance, d'élire les dirigeants démocratiquement, de réinvestir les excédents non pas pour rémunérer le capital mais pour développer le projet associatif... tout cela caractérise les entreprises de l'économie sociale et solidaire. En outre, on peut être bénévole également dans une coopérative ou une mutuelle en Bretagne. Ainsi, je pense que la région qui à une politique volontariste dans la structuration de l'économie sociale et solidaire aurait tout à gagner à croiser ces deux politiques afin de renforcer de manière transversale le secteur culturel en le décloisonnant et en l'ouvrant avec les secteurs médico-sociaux, du service à la personne, de l'environnement... pas exemple.

Concernant le déploiement de l'ingénierie culturelle au sein des territoires. Nous avons pu remarquer ensemble, M le Vice Président, que, souvent, les élus des EPCI ne savent généralement pas comment faire pour construire un projet culturel de territoire participatif et partagé. Leurs projets sont trop souvent de construire des salles dites culturelles dont le nom camoufle une simple salle multifonctions qui sert a tout. Et pourtant, ils sont soutenu par la région mais par l'entrée territoriale. Il y-a je trouve une contradiction à soutenir des modes d'ingénieries culturelles des territoires et dans le même temps une aide territoriale (enveloppe II en particulier) peu regardante à mon point de vue sur le fond des projets, en particulier culturel. Peut être plus de cohérence entre ces deux politique serait intéressante.

Dans votre volonté de mettre les jeunes au coeur du projet. Qui ne veut pas ici que les jeunes s'impliquent ? C'est certes peut être mieux en le disant mais il reste que votre projet manque à mon avis aussi de concrets, de "dur", d'échéancier, d'opérationnel comme nous le souligne d’ailleurs le Ceser dans son rapport. Même si la méthode passe par de la co-construction, l'implication des jeunes ne peut pas se décréter. Un plan d'actions arrêté servirait au moins de base.

Pour les jeunes... et les autres il me semble important aussi de remettre l'éducation populaire sur le devant de la scène. Cette culture politique, dans le sens de l'émancipation et de l'implication, nous fait appréhender autrement la culture et permet de dépasser la consommation culturelle ou les loisirs culturels occupationnels qu'on nous propose trop souvent. Permettre à tous de s'approprier des éléments culturels afin d'en faire des outils de transformation autant personnel que social, voilà un projet politique !

En conclusion, M Le Vice Président, nous trouvons votre nouvelle politique culturelle intéressante, novatrice parfois, originale sur le patrimoine immatériel mais il lui manque, comme le souligne le rapport du CESER :

- un échéancier, des temps d'évaluation, des projections financières à moyen-long terme... Même dans une méthode porté par la co-construction, que j'approuve, il faut mettre des échafaudages à un chantier.

- de la transversalité avec les autres politiques de la région : tourisme et patrimoine, formation professionnelle, aménagement du territoire, langues de Bretagne, économie ...

- des structures plus ambitieuses, de l'ampleur, pour réellement traduire l'ambition du discours afin de marcher droit et longtemps.

Nous la voterons avec enthousiasme.

Je voudrais pour terminer, citer un homme qui a sa statue à deux pas d’ici, au jardin du Thabor. Disparu il y-a 15 ans, une création théâtrale et musicale va lui rendre hommage cet été. Cet homme, c’est Glenmor. Pour lui la culture et les artistes servaient d’abord a se désaliéner, a se libérer de ses jougs rejoignant là l'éducation populaire. Il disait :

Ma n'eus mui den
Da ganañ war ar menez
Ma n'eus den ken
Da lenvañ war e leve

Piv a nac'ho, piv a stourmo
Evit Breizh-Izel.
Piv a stourmo, piv a nac'ho
Chadenn Breizh-Izel.

S'il ne se trouve plus personne
pour chanter sur la montagne
S'il ne se trouve plus un seul
Pour pleurer sur son passé

Qui se dressera, qui se battra
Pour la Bretagne
qui luttera, qui brisera
Les chaînes de la Bretagne.


Merci de votre écoute.

Trugarez deoc'h