lundi 9 décembre 2013

Changer le pansement ou penser le changement ?


Le Premier Ministre Jean-Marc Ayrault viendra signer le Pacte d'avenir pour la Bretagne en fin de semaine à Rennes. Ce document qui devait être défini en co-construction a finalement été élaboré à marche forcée, sans participation de la société civile, sans démarche prospective. En accélérant le processus de concentration de l’agriculture, en négligeant les salariés, les PME et l'environnement, il prépare le terrain à de nouvelles crises de restructuration dans le futur et ne répond en rien aux besoins des bretonnes et des bretons.
Il y a pourtant, en Bretagne, une profonde aspiration au changement. A cette envie de faire, à ce besoin de construire, de se battre, de prendre en main l'avenir du territoire, le gouvernement doit répondre concrètement. Pour y parvenir il ne faut pas se contenter de mettre  un pansement  sur un système économique trop malade pour être viable.
La Bretagne est riche d’une grande tradition de coopération, d’actions collectives et solidaires. Elle a toujours été à la pointe des avancées en matière de gouvernance territoriale : pionnière pour le passage à l’intercommunalité et dans la collaboration région-départements-villes avec le B16. Elle a tous les atouts pour, de nouveau, montrer la voie d’une vraie décentralisation et d’une modernisation des institutions territoriales. Elle pourrait être la première, à se doter d’un pouvoir régional renforcé par l’intégration des départements, rassemblant sous la même  responsabilité collèges et lycées, bus et TER et, plus important encore, développement économique, développement social et formation. Elle pourrait être la première à bénéficier des délégations de l’Etat, et prendre en main la protection de l’environnement, la culture, l’énergie… En s’engageant dans cette voie, elle gagnerait des moyens pour engager la transition vers un autre modèle de développement.
Pour répondre aux difficultés actuelles, il est nécessaire que notre Région se dote de pouvoir élargi, qu'elle ait les moyens d'engager la transition écologique et sociale de son économie. C'est par ce type d'innovations qu'elle pourra attirer l’attention, plutôt que par la répétition de vaines et parfois douteuses  protestations ! Il y a deux conditions pour aller dans cette voie : que les autorités nationales se prêtent au jeu, et fournissent les outils nécessaires, quand ils n’existent pas encore ; et aussi, surtout, qu’une volonté politique forte porteuse de ces dynamiques, se forme en Bretagne, transcendant les intérêts qui s’attachent au statu quo institutionnel. Nous sommes prêts au changement maintenant, et vous Mr Le Président ?

Yannik Bigouin,
conseiller régional de Bretagne
kuzulier rann vro Breizh

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