jeudi 7 juillet 2011

Tribune parue dans Ouest France

Le recul de l’enseignement de la langue bretonne
ne doit pas commencer à Lesneven
 
La langue bretonne, dernière langue celtique continentale encore vivante dans le monde, est portée par un mouvement de soutien unique depuis plus d'un siècle. Depuis les premiers collecteurs de la mémoire du 19ème siècle jusqu'à la politique linguistique régionale aujourd'hui consacrée aux langues de Bretagne, les élus bretons et militants associatifs ont fait preuve de courage et d'opiniâtreté pour faire reconnaître, moderniser et transmettre la langue bretonne parlée par 200 000 personnes. S' il reste encore beaucoup à faire pour assurer la survie d'une langue que l'UNESCO classe parmi les plus menacées, ce qui a été construit peu à peu par la société civile et les élus de tous bords reste exemplaire dans un 21ème siècle où la globalisation rime trop souvent avec uniformisation.
Ainsi, toutes les collectivités bretonnes ont progressivement pris part aux financements des initiatives de transmission, de collectage, d'affichage bilingue, d'édition, de développement de médias... Pourtant, sous couvert de crise financière, des signes montrent que ce consensus pour soutenir les "porteurs" du trésor de la langue bretonne s'étiole. Par exemple en imposant un loyer prohibitif, la municipalité de Lesneven risque de faire mourir l'école primaire immersive en langue bretonne Diwan pourtant installée depuis trente ans dans cette commune, dans une dynamique culturelle rare qui s'exprime avec près de 120 élèves (le 3ème effectif pour une école Diwan en Bretagne). C'est là un signal négatif envoyé vers le monde, au moment même où l'UNESCO est saisie de plusieurs demandes d'inscription d'éléments fondamentaux de l'identité de la Bretagne au patrimoine immatériel de l'humanité. Ce serait aussi un signe particulièrement négatif pour tous les citoyens sensibles à la culture en Bretagne. Face à cette menace, nous invitons les élus de Bretagne à se rassembler pour donner à la langue bretonne toute la place qu'elle mérite. Paris ne reconnaîtra la richesse de cette langue que si les Bretons et leurs élus eux-mêmes lui témoignent un intérêt sans faille.
 
Yannik Bigouin, conseiller régional de Bretagne (Europe Ecologie Les Verts)
Christian Guyonvarc'h, conseiller régional de Bretagne (Union Démocratique Bretonne)

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