mardi 16 novembre 2010

Lettre ouverte "Pour une école de musique intercommunale, démocratique et accessible à tous dans le pays des Abers-côte des légendes"

Les écoles de musique de Plouguerneau, Lesneven, Lannilis, Guissény et Plabennec souhaitent s'associer pour permettre une offre commune d'apprentissage de la musique sur le territoire des deux communautés de communes. C'est une bonne chose et je tiens à féliciter les élus de ces communes de chercher le bien commun, la coopération et la mutualisation pour le développement structuré de ce champ de la culture. Pour se faire, ils ont commandé à l'agence de développement du pays des Abers-côte des légendes une étude afin de trouver les solutions juridiques et techniques pour mener à bien la possibilité de la création d'un EPCC (Etablissement Public de Coopération Culturelle). Le scénario qui est présenté actuellement pose un certains nombre de questions :

    - Il n'y-a pas d'alternative proposée à ce statut d'EPCC considéré par les élus locaux comme la forme juridique la plus adaptée alors qu'il reste très lourd administrativement. L'agence de développement aurait dû faire un comparatif d'autres statuts permettant une coopération plus ouverte et en développant par des simulations les atouts et contraintes de chacun. Par exemple, elle aurait pu intégrer la possibilité d'une Société Coopérative d'Intérêt Collective qui permet d'associer de manière égalitaire, en plus des collectivités, usagers et salariés. Dans un EPCC, le pouvoir reste quasi-entièrement entre les mains des élus ; salariés et usagers n'y-ont qu'une place anecdotique. Cela pose problème alors que ce sont les citoyens, souvent en associations, qui sont généralement à l'origine des ces écoles et des dynamiques culturelle. L'agence aurait également dû consulter les usagers avant de proposer un schéma déjà écrit : idées et critiques constructives se trouvent dans l'éxpérience de chaque citoyen et quand on lui donne les moyens de participer à la construction d'un projet, cela permet de l'étayer mieux encore.

    - Même si un tarif dégressif sur la base d'un quotient familial est prévu, les usagers vont payer plus cher (400€/adulte contre 225€/adulte actuellement à Plouguerneau ). Il me semble important de rechercher l'accès à la culture pour toutes les bourses et ne pas dépasser les prix actuels. Quant aux usagers habitants dans les communes qui font le choix ne de pas intégrer l'EPCC, la stratégie est celle de la recherche de l'abandon de ceux-ci puisque le prix deviendra à terme tellement cher que les cours de musique ne seront accessibles que pour les plus riches. Est-ce vraiment acceptable de discriminer par l'argent sur un même territoire communautaire les usagers de ces communes suite au refus de leurs conseillers municipaux d'adhérer à ce projet ?

    Enfin, il est prévu que chaque communauté de communes participe chacune à hauteur de 15 000 €/an pour un budget qui va froler les 500 000 € (soit seulement 3 %). On voit bien là une grande frilosité pour soutenir la culture. Pourtant la CCPA était prête, par exemple, à donner quatre fois plus pour accueillir le départ d'une étape du tour de France l'année prochaine et elle a financé des projets lourds tel que le port de l'Aber wrac'h.

    Il est important de structurer de manière pérenne les outils de développement de la culture, bien loin de la "culture évènementielle de spectacle", car, si chacun sait que l'accès à la musique, à la peinture, aux livres, aux patrimoines ou au théâtre est source d'épanouissement, d'ouverture et de mieux vivre pour nos concitoyens, ces secteurs sont aussi des lieux de créations d'emplois non négligeables. Gageons que les élu-e-s des communautés de communes des Abers et de Lesneven-côte des légendes sauront s'en rendre compte et se donner les moyens pour que ce projet innovant d'école de musique intercommunale devienne encore plus partagé.

    1 commentaire:

    malo gervais a dit…

    Que vous avez raison..à Quimperlé, nous avons failli être soumis à l'EPCC
    pour finalement bâtir un réseau d'écoles sous forme de GIP (groupement d'intérets publics) ou les associations et les professeurs ont encore leur place